CEIAN 2010
Chapitre III: besoins en renforcement des capacités nationales en matière de connaissances, innovations et pratiques traditionnelles des communautés locales
L'analyse des besoins de renforcement de capacité en matière de connaissances traditionnelles des communauatés locales.
Release date | 27/03/2010 |
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Contributor | saidou doumbouya |
Geographical coverage | Guinée |
Keywords | Financement, stratégie, ressources, durabilité, analyse, connaissances traditionnelles |
Les populations locales guinéennes ont un lien historique avec leurs terres et leurs ressources locales. Elles ont développé au cours des générations une connaissance traditionnelle et holistique de leurs terres, de leurs ressources naturelles et de leur environnement. Plusieurs cultures et pratiques traditionnelles contribuent activement au maintien de la santé et de la diversité des écosystèmes dont elles sont tributaires. Pour que ces connaissances et pratiques traditionnelles des communautés contribuent activement à la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique, certaines activités de renforcement des capacités de ces dernières s’avèrent nécessaires à divers niveaux.
3.1 - Niveau communautaire
Pour pérenniser les connaissances et pratiques traditionnelles des communautés le renforcement des capacités des populations à la base dans le cadre de l’exécution de certaines de leurs activités s’avère nécessaire. Cela pourrait se faire à travers :
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l’organisation au niveau des radios de proximité (radios rurales et régionales) d’émissions d’éducation et de sensibilisation des communautés rurales sur la nécessité d’identifier, collecter, valoriser les connaissances, innovations et pratiques traditionnelles en matière de conservation et d’utilisation durable de la diversité biologique;
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l’alphabétisation et l’appui matériel des groupements de producteurs pour favoriser leur participation au processus de collecte, des connaissances, innovations et pratiques traditionnelles en matière de conservation et d’utilisation durable de la diversité biologique;
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la prise en compte de la dimension genre dans le processus de collecte, des connaissances, innovations et pratiques traditionnelles en matière de conservation et d’utilisation durable de la diversité biologique; ;
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l’organisation des forums d’échange, d’information et d’expérience entre les producteurs d’une même filière ;
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l’amélioration et la vulgarisation des techniques traditionnelles de grand intérêt pour l’agriculture, l’élevage, la pêche etc.. (compostage, mulching, cordons pierreux, culture en bandes, émondage, fumage, etc..)
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l’amélioration des techniques de conservation et d’utilisation des produits de la diversité biologique, y compris avec l’introduction et la vulgarisation des technologies nouvelles appropriées
3.2 - Niveau institutionnel
Eu égard à la faible prise en compte actuelle du savoir traditionnel par la quasi-totalité des institutions nationales liées à la conservation de la diversité biologique, il importe que le renforcement des capacités de ces dernières intègre les facteurs suivants :
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l’identification, l’évaluation et la valorisation du savoir traditionnel lié à la conservation et à l’utilisation durable de la diversité biologique
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l’identification des processus qui menacent la préservation et l’application du savoir traditionnel.
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l’analyse de la situation actuelle et les tendances des connaissances, innovations et pratiques des communautés locales
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l’évaluation de l’efficacité des instruments disponibles exerçant une influence sur la protection du savoir traditionnel, en particulier celui des droits de propriété intellectuelle
l’évaluation de l’efficacité des instruments destinés à la protection du savoir traditionnel et des mécanismes participatifs
la promotion des pratiques culturelles traditionnelles en matière de conservation et d’utilisation durable, d’échange et de diffusion des données et des éléments du suivi
le renforcement des institutions et l’amélioration de la coordination pour leur donner une configuration permettant des synergies dans leur fonctionnement.
la définition de principes opérationnels devant encadrer les accords contractuels concernant l’accès aux connaissances, innovations et pratiques traditionnelles
l’amélioration de la prise de conscience au sein des communautés traditionnelles
le partage des avantages, transfert des technologies, renforcement des capacités
3.3 – niveau individuel
Le renforcement des capacités des ressources humaines doit revêtir deux aspects :
- Renforcement des capacités du personnel des institutions ayant des liens avec les connaissances, innovations et pratiques traditionnelles des communautés locales en matière de conservation de la diversité biologique à travers :
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la formation aux méthodes de collecte, de traitement et de gestion des informations
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l’appui matériel et logistique
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le développement des compétences pour produire, gérer et utiliser les informations et données pertinentes
- Renforcement des capacités des personnes détentrices de connaissances, innovations et pratiques traditionnelles par :
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la sensibilisation des communautés locales sur la nécessité de transmettre leur savoir traditionnel
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la création de mécanismes d’incitation et de partage des connaissances, innovations et pratiques traditionnelles
3.4 - Niveau systémique
Le renforcement des capacités au niveau systémique s’entend des actions qui portent sur le cadre de politique générale dans lequel les individus et les organisations opèrent et interagissent avec l’environnement extérieur, ainsi que sur les relations formelles et informelles des institutions. La capacité des pouvoirs publics d’utiliser, de gérer et de diffuser les informations pour améliorer l’existence dépend du système politique, de la puissance de motivation et des capacités des décideurs et des moyens d’intervention de la société civile. Ceci se traduit en matière de connaissances, innovations et pratiques traditionnelles par le degré de participation des communautés autochtones dans la gouvernance environnementale c’est-à-dire dans la formulation des politiques et des stratégies de conservation et d’utilisation durable des ressources.
3.4.1 – Niveau politique
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Le renforcement des capacités au niveau politique exige :
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L’amendement des missions assignées aux différentes institutions officielles chargées de la conservation afin d’y inclure explicitement la prise en compte des questions de connaissances, innovations et pratiques traditionnelles des communautés locales.
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La participation pleine et entière des principales parties prenantes, en particulier les représentants de la société civile, notamment les communautés locales, les ONG, les femmes et les jeunes, au processus de définition et d’application des politiques et programmes
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L’implication de plus en plus active des communautés locales et autochtones à l’application de leurs connaissances et technologies de conservation et d’utilisation durable de la diversité biologique
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le soutien et le renforcement des capacités des communautés autochtones et locales dans la préservation et la protection du savoir traditionnel
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La prise de mesures favorisant la protection et la promotion des droits des communautés locales à travers la protection du savoir traditionnel pertinent
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L’interaction entre les détenteurs du savoir traditionnel et les organisations gouvernementales, intergouvernementales et non gouvernementales
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La promotion et l’optimisation des synergies dans l’application du savoir traditionnel dans les processus de conservation et d’utilisation durable de la diversité biologique
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la définition de principes opérationnels devant encadrer les accords contractuels concernant l’accès aux connaissances, innovations et pratiques traditionnelles
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la sensibilisation des populations aux conventions mondiales et aux instruments de développement durable associés
3.4.2 - Niveau juridique
Les textes juridiques actuels ne favorisent pas l’identification, l’évaluation et la valorisation du savoir traditionnel des communautés locale et le partage équitable des bénéfices découlant de l’exploitation des connaissances, innovations et pratiques traditionnelles. En conséquence, les besoins en renforcement des capacités dans le domaine juridique nécessite :
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L’élaboration et l’adoption de lois pour protéger les connaissances traditionnelles
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La révision des codes environnementaux (forestier, de faune, de l’environnement, minier, pêche et aquaculture, de l’élevage, pastoral, de l’eau, de la santé, foncier et domanial etc..), en vue de la prise en compte des questions liées au savoir traditionnel
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L’adoption de dispositifs juridiques encourageant le partage équitable des avantages tirés de l’utilisation des connaissances, innovations et pratiques des communautés locales et autochtones.
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L’évaluation de l’efficacité des instruments disponibles sur le droit de propriété intellectuelle qui ont des implications sur la protection du savoir traditionnel en vue de leur amendement
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La définition des principes opérationnels devant encadrer les accords contractuels concernant l’accès aux connaissances, innovations et pratiques traditionnelles
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La réglementation de la diffusion des données et informations sur le savoir traditionnel