CEIAN 2010
Les domaines d'utilisation de la biodiversité (suite)
L'utilisation de la biodiversité
Release date | 13/03/2010 |
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Contributor | saidou doumbouya |
Geographical coverage | Guinée |
Keywords | Elévage |
11 - 2 - L'ELEVAGE:
Source /MARA/DNE
11 - 2 - 1 - IMPORTANCE SOCIO-ÉCONOMIQUE
La faune domestique guinéenne est aussi variée que les conditions éco-climatiques du pays. En effet, partout dans les 4 régions naturelles, plusieurs espèces domestiques sont élevées. L'importance et la variété de ces élevages tiennent compte entre autres:
- Des conditions éco-climatiques
- Des traditions des populations des régions concernées
- De l'importance socio-économiques que revêt cet élevage etc...
Parmi les groupes d'animaux élevés dans ce pays à fortes potentialités agro-pastorales, on pourrait citer:
- Le gros bétail (Bovins, équins et asains)
- Le petit bétail (ovins, caprins et porcins)
- La basse cour (volailles, lapins etc...)
- Les animaux de compagnie (chiens, chats etc...)
- Les abeilles.
Les animaux domestiques en particulier le mouton et le bœuf occupe une place importante dans les cérémonies traditionnelles (baptême, cadeaux, sacrifices, mariages, décès...) rituelles (fêtes, initiation, , circoncision...) ou religieuses (lecture du Coran, fêtes...).
En plus de leur importance socio-culturelle les animaux domestiques à travers les activités pastorales qu'ils suscitent constituent un facteur économique déterminant pour le développement rural.
11 - 2 - 2 - SYSTÈME D'ÉLEVAGE
On rencontre trois principaux systèmes d'élevage qui se distinguent en fonction de la taille des troupeaux et d'autres facteurs tels le degré d'intégration des activités pastorales et agricoles, la pratique de la transhumance, le degré de monétisation des activités.
a - ÉLEVAGE BOVIN
a1 - Élevage familial traditionnel de petite dimension :
Il est foncièrement sédentaire et est caractérisé par une divagation généralisée des animaux en saison sèche. En période de culture, les animaux sont gardés d'une manière assez lâche en zone de jachère où ils sont quotidiennement attachés à des piquets. La taille du troupeau est presque toujours inférieure à 10 têtes.
Dans ce système d'élevage, l'alimentation des animaux est exclusivement basée sur les pâturages naturels ; cependant une complémentation est assurée par le Toupal (mixture à base de terre de termitière, de sel, de plantes sauvages et d'eau donnée aux animaux, comme vermifuge et complément minérales à la fois.). A côté de ses vertus médicinales et minérales, le toupal présente aussi des caractéristiques ) alimentaires spécifiques grâce à l'incorporation d'écorces et de feuilles de plantes galactogènes. Il est donné à l'animal 2 à 3 fois/an selon les régions en début et fin des pluies .Pendant la saison des pluies, les troupeaux restent sur leurs pâturages d'attache, l'herbe étant largement suffisante pour assurer la nourriture du bétail.
Ce système a amorcé depuis longtemps une certaine forme d'intégration de l'agriculture et de l'élevage. Cependant, l'animal contribue davantage qu'il ne reçoit. En effet, la fumure contribue au maintien de la fertilité des sols, alors que l'élevage ne bénéficie d'aucun investissement ni en intrants ni en temps de travail, mis à part la consommation de résidus de cultures en vaine pâture. L'exploitation du cheptel participe peu à la constitution du revenu. Par contre, les éleveurs semblent accorder une certaine importance à la production laitière.
C'est un système particulièrement représentatif des préfectures densément peuplées du plateau central du Fouta où il est majoritaire. Dans les autres régions naturelles de la Guinée , on retrouve ce système d'élevage.
a2 - Élevage semi - pastoral de moyenne dimension :
Il est constitué d'exploitants de 20 à 40 têtes de bovins, c'est un système qui se rencontre surtout sur les contreforts du plateau central, en particulier à Télimélé, Kindia, Mamou, Dabola ainsi que dans la préfecture de Beyla. Selon les régions, ce système d'élevage peut être totalement sédentaire (Beyla par exemple) ou transhumant en saison sèche (Télimélé, Fria, Kindia etc..). Son intégration à l'agriculture est généralement faible. Mais, compte tenu de l'importance numérique du troupeau, l'élevage peut représenter jusqu'à 50% de la constitution du revenu de l'exploitation.
a3 - Élevage pastoral de grande dimension :
Dix pour cent (10%) des éleveurs possèdent plus de 50% du cheptel national avec en moyenne un troupeau de 70 têtes. Malgré l'importance de ce cheptel, les exploitants conservent tous une activité agricole bien qu'elle soit dans ce cas marginale dans la constitution du revenu.
Ce système d'élevage se rencontre majoritairement en Basse Guinée (Boké, Boffa), dans le Nord de la Moyenne Guinée (Gaoual, Koundara), en Haute Guinée (Dinguiraye, Kouroussa).
Les troupeaux de ce système sont dans la majorité des cas contraints à une véritable transhumance. L'exploitation laitière est importante, surtout pour la couverture des besoins familiaux. Le taux d'exploitation du troupeau est estimé à 10% et le taux de capitalisation à 2,5%.
b - ÉLEVAGE DES PETITS RUMINANTS
Les méthodes d'élevage des petits ruminants sont assez homogènes à travers le pays. Il est cependant possible d'identifier deux systèmes principaux :
b1 - L'Élevage villageois : Il présente en moyenne 10 têtes par élevage. Dans ce système d'élevage extrêmement extensif, les animaux divaguent pendant la journée à la recherche de la nourriture. Au Fouta Djallon, où on observe de nombreuses bergeries et chévreries construites sur pilotis en matériaux locaux. Quelques éleveurs parquent leurs animaux pendant la nuit dans des enclos. En saison des cultures, les animaux restent attachés soit aux piquets, soit portent des carcans pour les empêcher de traverser les clôtures et détruire les cultures.
b2 - L'Élevage familial péri-urbain : Cet autre type d'élevage comporte en moyenne un effectif maximum de 5 têtes par élevage. Ici par contre, l'alimentation est basée sur les résidus alimentaires ménagers et sur un type d'affouragement rudimentaire. Les animaux sont parfois conduits par les enfants dans des petites zones pâturables ou attachés à des piquets le long des sentiers ou des routes. La production est presque exclusivement destinée à l'autoconsommation.
c - L'ÉLEVAGE DES PORCS :
Cet élevage est principalement pratiqué en Guinée Forestière et autour de certaines grandes villes. Selon certaines estimations 90% du cheptel national se trouverait en Guinée Forestière et 10% en Guinée Maritime, le cheptel des autres régions étant considéré comme négligeable.
Dans l'étude des méthodes d'élevage, on identifie deux types de système .
c1 - Le système villageois traditionnel :
Dans ce système d'élevage, les animaux sont abandonnés à eux mêmes, ils se nourrissent au gré de leurs divagations, sans apport alimentaire particulier .L'éleveur se contente de créer un simple enclos comme logement des animaux. L'essentiel du troupeau estimé à 95% du cheptel est élevé en milieu villageois traditionnel dans lequel une famille dispose de quelques porcs de la race locale.
C2 - Le système amélioré semi-intensif :
Il est à remarquer que seulement 5% des effectifs appartiennent à des élevages améliorés situés généralement en zone urbaine et péri-urbaine. Dans ce système une certaine attention est accordée à la gestion et à l'alimentation du troupeau; le logement est souvent construit en dur ou en banco.
d - ÉLEVAGE DE LA VOLAILLE :
L'aviculture traditionnelle, dite villageoise est largement répandue dans l'ensemble du pays. Selon les dernières estimations effectuées, l'effectif national serait de l'ordre de 7 millions de têtes.
d1 - L'Aviculture Villageoise :
Selon les recensements effectués dans des familles constituées d'aviculteurs, l'élevage constitue une activité féminine. La gestion des volailles est élémentaire. La base de l'alimentation est constituée de graines de céréales, des sous-produits comme les sons et les brisures. Les animaux sont logés dans des cages ou des abris.
d2 - L'aviculture améliorée semi-intensive :
Environ 76 exploitants avec un effectif total de 130.OOO têtes appliquent un système de production amélioré. Ces exploitations sont surtout concentrées dans les zones péri - urbaines et en particulier à Conakry. Il y a lieu de préciser que les races ou les souches utilisées sont essentiellement d'origine Européenne. Le renouvellement des poulets est assuré par des importations de poussins d'un jour ou leur production à Kahéré-Kindia (ISA BROWN).
Le développement de l'aviculture améliorée semi-intensive se heurte d'une part à de nombreuses difficultés tel que l'approvisionnement régulier en quantité et en qualité d'aliments ( fonctionnement non régulier des fabriques d'aliments pour l'approvisionnement de façon continue des fermes), le prix élevé des aliments et d'autre part, à la faible technicité des éleveurs.
Tableau 29 :Dénombrement de la faune domestique guinéenne par Préfecture.
11 - 3 - LA PÊCHE
Le plateau continental guinéen a une superficie de 56000 km2 et forme avec les eaux adjacentes un ensemble caractérisé par une grande diversité de la faune et de la flore parmi lesquelles les ressources halieutiques ont été identifiées comme faisant partie des plus abondantes de la côté Ouest - africaine. Elles se repartissent comme suit en terme de biomasse: espèces demersales 80.000 tonnes, espèces pélagiques 100.000 tonnes, céphalopodes 30.000 tonnes et crevettes 4.000 tonnes.
D'une manière générale on distingue: la pêche artisanale, la pêche industrielle la pêche continentale et l'aquaculture.
11 - 3 - 1 - LA PÊCHE ARTISANALE
Elle se subdivise en pêche artisanale traditionnelle et en pêche artisanale avancée.
a - LA PÊCHE ARTISANALE TRADITIONNELLE :
Elle est pratiquée par environ 8 000 pêcheurs disposant de 2500 embarcations dont 50% sont motorisées (Domalain et al, 1989). Ces embarcations sont reparties dans une centaine de débarcadères distribués le long du littoral. Elles utilisent des filets maillants, des palangres et des lignes comme moyens de capture. Les captures sont estimées à 50 000 tonnes par an d'espèces demersales et pélagiques (Fontana et al, 1994). Une activité complémentaire à la pêche artisanale est représentée par la cueillette. Elle se pratique à faible échelle de façon traditionnelle donc non soumise à une réglementation. Cette cueillette consiste au ramassage des huîtres de mangrove, des moules et certains escargots pour la consommation humaine.
b - LA PÊCHE ARTISANALE AVANCÉE OU PÊCHE CHALUTIÈRE GLACIÈRE :
Elle est constituée d'unités de types modernes (longueur inférieure à 20 m, TJB (Tonneau jose brute) inférieure à 100, puissance 250 CV et conservation par la glace). La flottille est constituée actuellement de 14 navires. Les débarquements estimés sont de l'ordre de 1 000 à 1 200 tonnes par an. Le poisson débarqué par la pêche artisanale est frais ou glacé. Le salage et le séchage sont pratiqués à une faible échelle. Le fumage représente la seule technique de transformation à grande échelle. Ainsi, 80% du poisson débarqué est soumis au fumage ( FAO, 1990). Cette transformation concerne toutes les espèces et l'activité est essentiellement féminine. Les produits fumés sont acheminés jusqu'aux marchés de l'intérieur sans risque de perte de qualité; mais l'état médiocre des réseaux de transports occasionnent parfois des pertes qui peuvent aller jusqu'à 20% en eau continentale et 5% en zone côtière (Bonzon et al 1992). Les prix pratiqués aux consommateurs sont quelque peu élevés : chinchard congelé 750 fg, " bonga " frais 900 fg, bonga fumé 1150 fg (Fontana et al, 1994).
11 - 3 - 2 - PÊCHE INDUSTRIELLE
Les activités de pêche industrielle concernent quatre pêcheries: la pêche au thon, ou pêche pélagique, la pêche des céphalopodes, la pêche crevettière et la pêche demersale poissonnière.
Les navires de pêche industrielle opérant dans les eaux guinéennes sont de quatre types: les navires guinéens, les navires affrétés, les navires consignés et les navires de la CEE. Pour l'année 1994 au total 95 navires ont opéré dans les eaux guinéennes à savoir 2 en pêche pélagique, 33 en pêche demersale poissonnière, 14 en pêche céphalopodière, 6 en pêche crevettière, 24 en pêche thonnière et 16 autres chalutiers. Selon les nationalités de ces navires nous avons 9 Espagnols (dont 7 thoniers), 17 Français (tous thoniers), 1 chinois, 52 Guinéens (affrétés) et 16 autres.
Les estimations de captures pour 1993 se chiffrent à 25 000 tonnes; pour 1994 elles sont de 35 000 tonnes pour les espèces demersales. Elles sont de 2500 tonnes pour les céphalopodes et de 1200 tonnes pour les crevettes.( source: statistiques pêche industrielle CNSHB).
Il existe peu d'infrastructures de débarquement du poisson en Guinée. C'est la pêche industrielle seule qui possède d'installations frigorifiques dans le port de Conakry et à kenien en banlieue de Conakry.
En outre, le poisson congelé débarqué par la pêche industrielle est stocké dans les entrepôts frigorifiques des sociétés de pêche (COGIP, SOGUIPECHE, SONIT etc.) avant sa distribution dans les marchés de l'intérieur à l'aide des camions frigorifiques.
Les produits aquatiques sont consommés à l'état frais, fumés, séchés, salés, frits, cuits et en farine. Les peaux de certains animaux aquatiques sont utilisés dans l'artisanat, dans l'alimentation de la volaille (les coquillages), dans le chaulage des sols acides en agriculture et dans l'embellissement des habitations.
11 - 3 - 3 - PÊCHE CONTINENTALE
En matière de pêche continentale, les estimations ont fourni un potentiel annuel exploitable de 12 000 tonnes (Bonzon et al, 1992). D'autre part Matthes (1991) avait déjà signalé une exploitation excessive de cette ressource avec une production estimée entre 7 000 et 9 000 tonnes par an. Les captures se composent principalement de Tilapia sp., Clarias sp., Barbus sp., Lates sp., Chrysichthys sp., Synodontis sp. et Alestes sp.
Le nombre de pêcheurs professionnels est estimés de façon provisoire à 6 000 personnes; ce sont des " Bozos " et des " Somonos " en grande majorité. A ceux-ci s'ajoutent des pêcheurs occasionnels ou saisonniers constitués des malinkés, des peulhs et des sénégalais. Le nombre total de pêcheurs est estimé à 7 000 (Matthes, 1991). Ces pêcheurs utilisent des engins comme filets maillants, palangres, nasses en barrage, éperviers, sennes de plage; lignes, paniers, et des filets coniques.
Les embarcations utilisées sont constituées de pirogues monoxiles de 3 à 6 m de longueur, et de barques à membrures. Ces embarcations ne sont pas motorisées compte tenu du prix élevé des moteurs, le manque de pièces de rechange et l'obtention difficile du carburant.
En pêche continentale le poisson est commercialisé sous diverses formes à savoir le frais, le fumé, le frit et le cuit en sauce pour la consommation locale. Le transport se fait à pied, à bicyclette ou en motocyclette, parfois sur des longues distances en automobile de transport en commun. Les prix pratiqués varient de 375 fg/kg à 2300 fg/kg et voir même 3000 fg/kg pour les gros poissons (Matthes, 1991).
Dans les villages de pêcheurs il existe une structure coutumière de gestion des activités de pêche qui est le plus souvent intégrée dans la vie socio-économique des villageois (Matthes, 1991). En général cette structure se rencontre partout en Guinée; mais essentiellement dans le Niger et ses affluents, au Fouta en Basse Guinée et en Guinée Forestière. Outre la pêche cette gestion vise aussi l'utilisation des plans d'eau par les pêcheurs et les agriculteurs. Cette gestion spécifiait entre autres:
- les pêcheurs: en haute Guinée, la législation coutumière interdit l'accès aux ressources à n'importe qui et à n'importe quand. Seuls les somonos et les bozos étant des pêcheurs de naissance veillent à l'application de cette législation.
- les lieux de pêche: ceux-ci sont bien délimités lors des opérations de pêche surtout dans les rivières et les fleuves.
- les saisons: la saison sèche est la plus propice pour les pêches collectives. En saison pluvieuse aussi, on pose des barrages, des filets et des lignes.
- les engins de pêche: l'utilisation de certains engins est prohibée tels que les explosifs, les plantes ichtyologiques et les filets à petites mailles.
- les fêtes pour les pêches collectives: dans certaines zones elles font l'objet de grandioses fêtes qui sont généralement annuelles: les fêtes de mares(Barro, Bérété, Cisséla, Gnèmin, Tèlinfada et de Komola dans Kouroussa). Les mythes entourant l'exploitation de ces mares constitue un moyen de conservation des ressources aquatiques.